Le 10 avril dernier, J’ai pas changé de bord était montré, sélectionné, à « Doc, doc, doc, entrez ! », le festival de Villedieu-les-Poêles, reconnu dans le petit monde du documentaire. La réputation de ce festival, acquise au fil des ans, n’est plus à faire. Dans le joli rôle du découvreur, Patrick Leboutte y anime séminaires, débats à l’issue des projections. Patrick aura beaucoup oeuvré pour le documentaire ; il est, on le dira ainsi, une parole plus qu’entendue : écoutée…
Villedieu c’est dans la Manche à une trentaine de kilomètres d’Avranches où se situe le film. L’exercice d’y présenter le film était donc implicitement délicat. Il s’agissait de démontrer que sa sélection ne devait rien à cette proximité géographique – j’ai envie d’ajouter : bien au contraire. Pour le dire plus crûment, J’ai pas changé de bord n’a pas figuré à « Doc, doc, doc… » parce qu’il parle d’Avranches, mais parce que tout un chacun, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs, peut s’y projeter, s’y retrouver. C’est évidemment tout le pari du film. Je pense, sans prendre trop de risque, pouvoir dire que le public de ce soir-là, si proche d’Avranches, a parfaitement compris que le film aurait pu se passer « ailleurs » : cela n’aurait rien changé quant à ce qu’il dit.
Nous sommes là au coeur de la problématique liée à tout film, ou presque. Quel en est le sujet ? Quel en est l’objet ? Dans son introduction à l’issue de la projection, avant que n’intervienne la salle, c’est à cela me semble-t-il, que l’ami Leboutte (nous nous connaissons depuis très longtemps) a tenté de répondre, à sa manière – que je salue, faut-il le préciser. Cette intervention, François Le Cann (le fils d’Isabelle et de Gérard, de l’équipe du festival) a eu la judicieuse idée de la filmer. Frédérique l’a montée. Voici donc ce qu’en pense l’ami Leboutte…